Abbé Prévost - Manon Lescaut
« J’ai à peindre un jeune homme aveugle, qui refuse d’être heureux, pour se précipiter volontairement dans les dernières infortunes ; préfère par choix, une vie obscure et vagabonde, à tous les avantages de la fortune et de la nature »
"Avis au lecteur"
Renoncourt nous prévient de la suite du Roman
DG est prêt à tout pour Manon
« Je vais perdre ma fortune et ma réputation pour toi, je le prévois bien ; […] mais de quelle perte ne serais-je pas consolé par ton amour ! »
« J’emporterai, comme de justice, les bijoux et près de soixante mille francs que j’ai tiré de lui depuis deux ans. »
Manon estime que le vol est une juste rétribution de ses services auprès de M. B…
Personnage en marge : ambiguité morale
« dans l’espace de dix ans[…] mon père est âgé il peut mourir. »
DG fait même le pari de la mort de son père pour assurer son avenir sur l’usufruit de son héritage…
«de quelque façon qu’on le prenne c’est un fond excellent de revenu pour les petits, que la sottise des riches et des grands.»
Après la destruction par le feu de leur maison à Chaillot, DG doit se refaire pour ne pas perdre Manon. DG tire une morale de sa facilité à duper les puissants
« Quelque répugnance que j’eusse à tromper, je me laissai entraîner par la nécessité. »
DG se laisse convaincre de tricher au jeu par Lescaut
« J’acquis surtout beaucoup d’habileté à faire une volte-face, à filer la carte […] j’escamotais assez légèrement pour tromper les yeux des plus habiles et ruiner sans affectation quantité d’honnêtes joueurs. »
DG se découvre des compétences pour tricher aux cartes
« Il[Lescaut] me raconta que Manon, ne pouvant soutenir la crainte de la misère, […] lui avait demandé de lui procurer la connaissance de M. de G… M…, qui passait pour un homme généreux »
Manon ne voulant pas réduire son train de vie, en l’absence de DG, se fait entretenir :
« Par quelle fatalité, disais-je suis-je devenu criminel ? l’amour est une passion innocente ; comment s’est-il changé pour moi en une source de misère et de désordre ? »
DG victime de vices de Manon, s'est retrouver criminel sans s'en rendre compte
« Je me jetai sur lui avec une si furieuse rage, que j’en perdis la moitié de mes forces. » (l'annonce de l'enfermement de Manon)
Comme le héros « furieux » des tragédies classiques, DG n’est plus maître de lui, perd la raison. A l’annonce de l’enferment de Manon à l’Hôpital général, il se jette sur M. de G… M… :
« Cependant l’amour m’ayant ouvert extrêmement l’esprit depuis deux ou trois heures, je fis attention que je ne lui [=Tiberge] avais pas découvert que mon dessein devait s’exécuter le lendemain, et je résolus de le tromper »
Par amour pour Manon, DG est prêt à trahir Tiberge
« J’aime Manon ; je tends au travers de mille douleurs à vivre heureux et tranquille auprès d’elle. La voie par où je marche est malheureuse ; mais l’espérance d’arriver à mon terme y répand toujours de la douceur. »
DG se forge une morale au-delà du bien et du mal, celle du fol espoir d’aimer et d’être aimé
« Il (le lecteur) verra, dans la conduite de M. Des Grieux, un exemple terrible de la force des passions. »
"Avis au Lecteur"
DG victime de la force de son amour pour Manon
« la souveraine de mon cœur »
DG amoureux de Manon
Puissance des passions
« Manon était passionnée pour le plaisir ; je l’étais pour elle. »
Manon : plaisir du romanesque
DG : victime de la marginalité de Manon, il la suit dans ses aventures
"C’est un grand cri du cœur, ce livre"
Flaubert, "Correspondance"