Le paradigme déterministe et le paradigme actionnaliste (ou interactionniste).
Le paradigme déterministe place l’accent sur les forces structurelles de la société qui influencent l’individu (ex : Durkheim), tandis que le paradigme actionnaliste met l’accent sur l’individu comme acteur qui construit et produit la société (ex : Weber).
Le paradigme déterministe accorde une grande importance aux normes sociales qui intègrent les individus dans la société. Les individus doivent obéir à ces normes pour être acceptés socialement, avec des récompenses ou des sanctions en fonction de leur conformité.
Certains auteurs privilégient l'intégration et l’ordre social, tandis que d'autres mettent en avant le conflit et le désordre social comme moteur du changement.
Les individus ne sont pas complètement libres, ils sont influencés par leur origine sociale et les normes qu’ils ont intégrées. Leur comportement est largement déterminé par la société et leurs habitudes sont le fruit de leur socialisation.
Certains opposants critiquent le paradigme déterministe en affirmant qu'il serait trop militant et non scientifique, car il privilégierait les changements sociaux et les luttes de pouvoir, au lieu d'adopter une approche neutre.
Max Weber est une figure clé du paradigme actionnaliste, avec son concept de types idéaux qui décrit différentes formes d'actions sociales.
L’action traditionnelle : basée sur des pratiques héritées du passé.
L’action émotionnelle ou affective : motivée par des émotions.
L’action rationnelle par rapport à une valeur : guidée par des valeurs morales ou idéologiques.
L’action rationnelle par rapport à un objectif : orientée vers un but précis et calculé.
Raymond Boudon développe l'individualisme méthodologique, qui postule que les individus agissent toujours pour des raisons rationnelles et personnelles, et que la société est le résultat de leurs actions.
La théorie du comportement collectif (Tarde et Le Bon) suggère que les actions des individus sont différentes lorsqu’ils agissent en groupe, avec l’idée que la masse peut être irrationnelle.
La théorie de l’individu rationnel et de la mobilisation des ressources propose que la participation des individus à des mouvements sociaux est un calcul rationnel, visant la réalisation de leurs intérêts personnels.
Les mouvements sociaux, comme ceux de mai 68 en France, montrent que les individus se rassemblent pour défendre des causes communes (écologie, féminisme, pacifisme, etc.). Ces mouvements peuvent aussi entraîner des contre-mouvements qui visent à préserver les traditions et l’ordre établi.
La sociologie française tend à privilégier une approche structuraliste et le conflit social (ex : Bourdieu), tandis que la sociologie américaine met davantage l'accent sur le fonctionnalisme et l'intégration sociale (ex : Durkheim).
Claude Lévi-Strauss critique le fonctionnalisme en sociologie, en montrant notamment que les structures comme la parenté ne peuvent pas être pleinement expliquées par une simple approche fonctionnelle.
La sociologie s'intéresse à la fois aux comportements collectifs et individuels. Elle analyse comment les individus entretiennent des relations sociales au sein de groupes et dans la société.
La sociologie s’est spécialisée en fonction d’objets d’étude spécifiques comme la famille, le travail, les professions, l’environnement, le sport, etc. Chaque champ particulier, ou sous-champ, aide à comprendre un problème singulier dans la société.
La question centrale est : Est-ce l’individu qui agit sur la société ou la société qui agit sur l’individu et produit un individu ?
Les deux ouvrages clés sont :
1893 : De la division du travail social
1897 : Le suicide
Selon Durkheim, la société passe d’une solidarité mécanique (basée sur la communauté et la similitude des tâches) à une solidarité organique (basée sur la différenciation des fonctions et la coopération), reflet d’une société de plus en plus individualiste.
Durkheim observe une désorganisation du collectif en raison de l’industrialisation et de l’individualisme croissant. Il note que l’individualisme transforme les liens sociaux plutôt que de les supprimer.
Durkheim explique que la société moderne impose trop de normes sans offrir de cadre commun solide, ce qui crée une anomie (absence de règles stables). Cela contribue à des formes de suicides collectivement influencées, comme le suicide égoïste, altruiste, anomique, et fataliste.
Les quatre formes de suicide sont :
Suicide égoïste : l’individu se sent isolé et sans appartenance sociale.
Suicide altruiste : l’individu se sacrifie pour le bien de la communauté.
Suicide anomique : l’individu souffre du manque de normes sociales.
Suicide fataliste : l’individu est oppressé par des normes trop strictes.
Max Weber se demande comment l’Occident a évolué vers une société capitaliste où l’individu produit des richesses sans se limiter à la satisfaction des besoins. Il montre que le capitalisme est une idéologie cachée derrière des pratiques qui semblent naturelles.
Weber considère que la sociologie doit s’intéresser aux conceptions subjectives que les gens ont du monde et aux raisons qu’ils donnent pour expliquer leur parcours. Il y a une dimension subjective dans la démarche sociologique qui s’oppose à une vision purement objective.
Durkheim adopte une approche holiste, où la société prime sur l'individu et détermine ses actions. Weber, quant à lui, met l’accent sur la dimension subjective de l’individu et sur la façon dont il interprète et construit la réalité sociale.
Les paradigmes sociologiques sont influencés par le contexte social dans lequel ils apparaissent. En France, le passage d'une société rurale à une société urbaine et industrielle a mené Durkheim à observer la désorganisation sociale et la montée de l'individualisme. En Allemagne, Weber analyse l'impact du capitalisme naissant.
La sociologie, pour Durkheim et Weber, consiste à dépasser le sens commun et à objectiver les phénomènes sociaux en les inscrivant dans des concepts scientifiques. Durkheim se concentre sur les forces collectives qui influencent l'individu, tandis que Weber explore les motivations personnelles et subjectives derrière les actions sociales.
L’homo-economicus est un individu motivé par un intérêt privé, qui prend des décisions en calculant rationnellement ses plaisirs et ses peines. C’est une vision bourgeoise, égoïste et calculatrice de l’individu.
Boudon adopte l’individualisme méthodologique, qui considère que les faits sociaux sont le résultat de l'agrégation des actions individuelles.
Le sociologue doit dévoiler les raisons cachées derrière les choix des individus et comprendre les effets pervers et non intentionnels des actions individuelles.
Il critique le sociologisme parce qu'il réduit l'individu à une simple marionnette du système social, alors que pour lui, chaque individu agit de manière rationnelle et autonome.
Il ne se limite pas à une division en classes dominantes et dominées, mais considère que la société est stratifiée en plusieurs niveaux où les individus cherchent à améliorer leur position sociale.
L’homo-strategicus est un acteur stratégique et pragmatique, conscient de ses actions au sein du système social, cherchant à résoudre ses problèmes en utilisant tous les moyens à sa disposition.
Cet acteur a une relative autonomie et il participe à la vie sociale en prenant des décisions stratégiques pour atteindre ses objectifs.
L’homo-politicus est un acteur engagé, qui lutte pour des valeurs comme la justice et l’équité. Il est motivé par des principes éthiques et non par des intérêts économiques.
Touraine se concentre sur l’engagement de l’acteur dans les luttes sociales, tandis que Bourdieu privilégie une analyse plus structurelle de la société.
L’homo-sociologicus est un individu hyper socialisé, dont l'identité est modelée par les normes et institutions sociales, en particulier par son rôle professionnel.
Bourdieu critique les institutions qui créent des besoins artificiels pour justifier leur existence, sous prétexte de répondre à des demandes collectives.